La méditation de pleine conscience pour prendre soin de sa santé.

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Réflexion méditative #1: faire face à un incendie (intérieur ou extérieur)

Abordant ici sur ce site de nombreux points scientifiques liés à la méditation pleine conscience, j’avais aussi envie de donner de la place à la pratique de celle-ci, en l’illustrant par des « réflexions pratiques ». Ces réflexions, dans le sens de « refléter », pourront être guidées par des réverbérations d’événements du quotidien dans la pratique de la méditation.

L’épisode récent de l’incendie de Notre-Dame-de-Paris, et les diverses réactions (les miennes et celles des autres) parfois intenses, qui l’ont accompagné m’ont amené beaucoup de réflexions. Plus que des réflexions intellectuelles, il s’agissait de réflexions internes. Comme si cet événement se réfléchissait de lui-même en moi, faisait écho avec des incendies intimes passés ou présents, et peut-être futurs..!

Chacun de nous, nous pouvons avec douceur et curiosité nous tourner vers nos ressentis face à cet événement. Si nous avons été touché(e)s par cet événement, qu’est-ce qui est touché en nous? En quoi cela résonne-t-il avec notre histoire, voire avec notre condition?

Personnellement, j’ai fait mes études à Paris et j’ai donc vécu mes années de jeune adulte dans la capitale. J’ai adoré le quartier Saint-Michel, l’île de la Cité et l’île Saint-Louis, où j’ai joué de la musique, dansé, discuté, bu du vin, rêvé, aimé, et où Notre Dame offrait sa compagnie discrète et bienveillante, comme à l’arrière plan d’un tableau pittoresque de la vie parisienne. En fait, je pensais qu’Elle serait inamovible, inatteignable, toujours là, identique à elle-même, solide, stable. Comme d’autres choses dans ma vie que j’aimerais voir tenir la même place: les parents, les amis, les enfants, le couple, la santé, etc.  Celles-ci apparaissent parfois stables, solides, mais à d’autres moments, leur fragilité intrinsèque est évidente.

Le 15 avril 2019, quand Notre Dame de Paris a commencé à prendre feu, et le moment où son toit, sa flèche, se sont écroulés, c’était comme un rappel intime, douloureux, mais peut-être aussi libérateur, révélateur, que tout est fragile.

La pratique de la méditation pleine conscience, m’a aidé à voir et accueillir le caractère fragile (et donc précieux) de la vie, avec moins de peur ou de crainte, et avec plus de tendresse et d’attention. Maintenant quand un incendie se déclare, je n’envoie plus les canadairs comme je l’aurais fait auparavant (qui pourraient certes éteindre le feu rapidement mais faire tomber tout l’édifice en même temps, voire provoquer des dégâts collatéraux). Maintenant, je m’assois, je respire, et je porte mon attention sur les flammes qui commencent à lécher la charpente. Et c’est cette douce attention, qui pareille à la précision d’une lance à incendie, va tranquillement, patiemment, peut-être sur plusieurs jours, voire semaines ou mois, éteindre les flammes une par une. Et permettre de laisser place progressivement à un apaisement, et possiblement à une reconstruction. Mais parfois rien ne se reconstruit en lieu et place des destructions provoquées par le feu. Il reste alors une ouverture béante sur le monde, qui nous permet de mieux le voir, d’être plus pleinement à son contact. D’être encore plus vivant.

Il y a 10 ans quasiment jour pour jour, j’avais choisi cette citation de Fénelon, en épigraphe de ma thèse de médecine: « Souviens-toi de la fragilité des choses humaines ». Une phrase qui continue de faire écho aujourd’hui, se réverbérant sur les murs et toits des édifices intérieurs ou extérieurs…

Grégory Baptista

Médecin spécialisé en médecine interne et gériatrie, également psychothérapeute, et instructeur de programmes MBSR et MBCT, fondateur et coordonnateur du Centre de Mindfulness de Montpellier, enseignant au Diplôme Universitaire « Méditation & Santé » de la Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes.