La méditation de pleine conscience pour prendre soin de sa santé.

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L’importance de la pratique quotidienne de la méditation pleine conscience

Les interventions basées sur la pleine conscience (« Mindfulness-Based Interventions, MBI ») sont fondées sur l’hypothèse que la pratique méditative augmente l’attention, et que l’attention à son tour, améliore le bien-être psychologique. Les preuves étayant cette hypothèse sont quelque peu mitigées. Bien que certaines études constatent que la quantité et la qualité d’une pratique de la méditation soient positivement associées à l’amélioration de l’attention (littéralement « mindfulness » en anglais) et du bien-être, d’autres ne le confirment pas.

La méthodologie avec laquelle certaines études mesurent la pratique méditative peut être l’une des raisons de ces résultats contrastés. Certaines études ne mesurent pas réellement la pratique quotidienne, mais demandent plutôt aux participants d’estimer la quantité et la qualité de leur pratique sur une période de plusieurs semaines ou mois, ce qui augmente la probabilité d’une erreur d’évaluation.

Lacaille et ses collègues, dans la revue « Journal of Clinical Psychology », ont étudié la relation entre la pratique méditative, l’attention et le bien-être chez des participants au MBSR (Mindfulness-Based Stress Reduction) qui complétaient des questionnaires quotidiens pour évaluer ces trois variables.

Les chercheurs ont étudié les questionnaires quotidiens de 117 participants MBSR (80% femmes, 64% entre 30 et 50 ans) recueillis sur une période de 49 jours. Le programme MBSR effectué ici différait du protocole MBSR standard en raccourcissant les périodes de pratique méditative à domicile et lors des sessions MBSR de 45-60 minutes à 20-30 minutes.

Il était envoyé aux participants des textos quotidiens pour leur rappeler de compléter les questionnaires en ligne. Si les participants ne complétaient pas le questionnaire dans la journée, un nouveau SMS était envoyé le lendemain matin. S’ils n’avaient pas répondu au deuxième message dans les 8 heures, ils ne pouvaient plus faire compléter le questionnaire pour le jour en question.

Dans leurs questionnaires, les participants indiquaient s’ils avaient ou non pratiqué, combien de temps ils avaient pratiqué et le degré avec lequel ils avaient adhéré aux proposition de pratique. Ils ont également répondu à des questions conçues pour évaluer le degré de mindfulness qu’ils avaient présenté au cours de leur journée, ainsi que leur degré de stress perçu, et les émotions positives et négatives.

Le participant moyen a complété 33 fois le questionnaire quotidien (sur 49 jours au total), a pratiqué la méditation pendant 29 minutes sur 28 de ces jours et a évalué son adhésion aux propositions de pratique à «6.8» sur une échelle de 10. Les participants ont signalé une attention significativement plus grande, un stress perçu moindre et des émotions plus positives les jours où ils pratiquaient la méditation par rapport aux jours où ils ne la pratiquaient pas.

Pour un jour donné, la pratique de la méditation, une durée de pratique plus longue et une meilleure adhérence à la pratique étaient significativement associées à une plus grande attention, à un stress perçu moindre, à plus d’émotions positives et à moins d’émotions négatives. Les analyses des intercorrélations entre variables ont montré que l’effet de la pratique était indirect: la méditation était principalement associée à une attention accrue, et une attention accrue était principalement associée à une diminution du stress et à une amélioration des affects.

Les participants qui ont pratiqué la méditation pendant des durées plus longues au cours de la période de 49 jours du MBSR ont déclaré être significativement plus conscients et ayant significativement moins d’affects négatifs que ceux qui pratiquaient pendant des durées plus courtes.

Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle la pratique de la méditation (à domicile) est un principe actif des programmes de MBI, notamment du MBSR, et fournissent des preuves que les participants plus engagés dans leur pratique quotidienne, deviennent plus conscients et se sentent mieux. Il montre également l’importance d’une pratique régulière chaque jour, car les participants se sont sentis plus conscients et se sentaient mieux les jours où ils pratiquaient réellement la méditation.

Cette étude est limitée par sa conception méthodologique corrélative. On peut en déduire une association entre la pratique méditative et l’attention (« mindfulness ») et le bien-être, mais pas une causalité.

Source: American Mindfulness Research Association

Lien vers l’abstrait de l’article: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28759111

Grégory Baptista

Médecin spécialisé en médecine interne et gériatrie, également psychothérapeute, et instructeur de programmes MBSR et MBCT, fondateur et coordonnateur du Centre de Mindfulness de Montpellier, enseignant au Diplôme Universitaire « Méditation & Santé » de la Faculté de Médecine de Montpellier-Nîmes.