La méditation pleine conscience, ou « mindfulness » dans son appellation anglo-saxonne, est un entraînement mental, qui consiste à décider de porter volontairement son attention vers le moment présent, avec une attitude non-jugeante.
Elle a pu entrer dans le milieu de la médecine occidentale, mais aussi dans le milieu professionnel et de l’éducation, suite à plusieurs démonstrations scientifiques de son efficacité.
D’un côté, les travaux scientifiques du domaine des neurosciences, avec l’apport notamment d’examens comme l’électro-encéphalogramme (EEG) et l’IRM fonctionnelle, ont permis de démonter qu’il se passait quelquechose dans le cerveau lorsque l’on méditait, et cela, que l’on soit novice ou expert. Par exemple, Wendy Hasenkamp, neuroscientifique de l’université d’Atlanta (États-Unis) et son équipe ont montré ce qu’il se passait en termes d’activation neuronale lors de la méditation. Il existe en réalité un cycle constitué de 4 phases lors d’une méditation avec une attention focalisée sur un objet: la phase de focalisation de l’attention sur un objet (la respiration par exemple), puis l’apparition du vagabondage de l’esprit (« je suis emporté dans mes pensées »), la prise de conscience du vagabondage (« mon esprit est ailleurs que sur le point où j’avais décidé de porter mon attention »), puis la phase de réorientation de l’attention ou de refocalisation attentionelle, et ainsi de suite.
De nombreuses études ont démontré qu’avec la pratique de la méditation pleine conscience, le vagabondage mental (dont les ruminations anxieuses) diminuait, et donc que l’attention restait stable plus longtemps sur l’objet d’attention choisi (la respiration dans notre exemple), ce qui semble relié à l’état de calme et de sérénité qui peut apparaître lors de la pratique. Les données neuroscientifiques sont nombreuses et passionnantes, et si vous souhaitez plus d’informations à ce sujet, je vous recommande le livre intitulé « Cerveau & Méditation » de Matthieu Ricard et Wolf Singer.
Alors que les démonstrations neuroscientifiques s’étoffaient d’un côté, Jon Kabat-Zinn, docteur en biologie et professeur émérite de médecine de l’Université de Boston (Massachusetts, USA), avait de son côté, développé un protocole de réduction du stress basé sur la méditation de pleine conscience (en anglais: « Mindfulness-Based Stress Réduction », ou « MBSR »), constitué d’une séance hebdomadaire d’enseignement pendant 8 semaines associé à une journée d’approfondissement de la pratique. Cette protocolisation de l’enseignement de la méditation, dans une forme laïque, a permis à partir de 1979 de développer des études scientifiques dont les résultats positifs notamment dans la prise en charge du stress, de l’anxiété, de la douleur chronique et dans la qualité de vie dans de nombreuses maladies chroniques, ont peu à peu permis l’entrée du MBSR dans les hôpitaux aux Etats-Unis, puis progressivement dans le reste du monde.
Le succès du MBSR a été complété dans le champ de la psychologie et de la psychiatrie, par l’apport des thérapies cognitive-comportementales qui ont permis à l’équipe du Dr Zindel SEGAL de développer un protocole de thérapie cognitive basée sur la pleine conscience (en anglais: « Mindfulness-Based Cognitive Therapy », ou « MBCT »). Ce protocole, dérivé du MBSR, a montré son efficacité, notamment dans la réduction du stress et de l’anxiété, mais aussi dans la prévention des rechutes dépressives chez les patients à risque de dépressions récurrentes, et ceux avec une efficacité comparable à celle des antidépresseurs. En France, le Dr Christophe André a beaucoup aidé à son essor, et plus largement à l’essor de la méditation de pleine conscience.
C’est donc l’association des données issues des neurosciences et de l’imagerie cérébrale, et des preuves de l’efficacité clinique de la méditation de pleine conscience sur la souffrance physique et psychique, qui ont permis l’essor de la méditation pleine conscience dans le domaine de la médecine.