


Les migraines causent des maux de tête invalidant d’une durée allant de plusieurs heures à plusieurs jours, et qui se caractérisent par une douleur sévère et pulsée généralement localisée sur un côté de la tête. Les personnes souffrant de migraine peuvent également éprouver des nausées et une sensibilité à la lumière, au son ou aux odeurs. Leurs maux de tête peuvent également être précédés de prodromes à type de troubles visuels (par exemple, des tâches aveugles et ou des motifs en zigzag) qui signalent leur apparition imminente.
Les migraines sont considérées comme «chroniques» lorsqu’elles surviennent plus de 15 jours par mois sur une période de trois mois. Les migraines chroniques sont souvent source de surconsommation de médicaments, ce qui tend à rendre ces migraines plus difficiles à gérer. Les médecins s’intéressent donc à des approches alternatives pouvant compléter ou remplacer les médicaments.
Grazzi et ses associés, ont mené un essai clinique non randomisé avec une intervention axée sur la pleine conscience versus la prise de médicaments anti-migraineux, chez des patients souffrant de migraine chronique et ayant une surconsommation de médicaments anti-migraineux.
Les patients souffrant de migraine chronique et en surconsommation médicamenteuse qui étaient traités dans un service de neurologie, ont été invités à diminuer progressivement puis arrêter leurs traitements anti-migraineux. Ils ont été ensuite invités à participer à un essai clinique comparant une formation à la méditation pleine conscience (MPC) à la prise de médicaments prophylactiques de la migraine (MED).
Au total, 44 patients (âge moyen = 45 ans) ont été inclus dans l’étude et le choix du traitement a été fait par le patient lui-même. La MPC, basée sur le MBSR, était constituée de 6 sessions hebdomadaires de 45 minutes en petits groupes.
Les patients dans le groupe médicaments (MED) ont reçu des médicaments en prévention de leurs maux de tête incluant le valproate, la toxine botulinique, le pizotifen, l’amitriptyline et les bêta-bloquants. Les patients des deux groupes pouvaient prendre des médicaments contre les maux de tête aigus (principalement les triptans et les AINS) une fois que les maux de tête avaient commencé. Les participants des deux groupes ont tenu des journaux quotidiens documentant leurs maux de tête et leurs prises médicamenteuses. Ils ont également complété des autoquestionnaires sur l’impact des maux de tête, de la migraine, de la dépression et de l’anxiété, au début de l’étude, et à 3, 6 et 12 mois. Les chercheurs ont également évalué les participants à 3, 6 et 12 mois pour voir s’ils avaient atteint une réduction de 50% de la fréquence des maux de tête et s’ils satisfaisaient toujours aux critères diagnostiques de la migraine chronique.
Les résultats de l’étude montrent que la fréquence des maux de tête, l’utilisation des médicaments et la sévérité de la dépression ont considérablement diminué pour les deux traitements (MPC ou MED) au fil du temps, sans différence significative entre les deux traitements. L’incapacité liée aux maux de tête a considérablement diminué pour les deux groupes au suivi à 3 et 6 mois, mais pas à 12 mois.
Une seule mesure appelée « test d’impact de maux de tête », une mesure d’auto-évaluation de la gravité de la douleur, de la fatigue et de l’humeur, a montré des résultats différents dans les 2 groupes. Alors que les scores du groupe MPC sur ce test n’ont pas changé de manière significative au cours de l’étude, les scores du groupe MED se sont considérablement améliorés à 3 mois et 12 mois, mais pas à 6 mois.
Il n’y avait pas de différence entre les 2 traitements à 12 mois sur les critères d’une réduction de 50% de la fréquence des maux de tête (50% des patients MPC et 53% des patients MED) ou ceux qui ne répondent plus aux critères diagnostiques chroniques de la migraine (65% des Patients MT et 74% des patients MED).
Ces résultats laissent penser que la pleine conscience a une place potentielle dans le traitement de la migraine chronique avec surconsommation médicamenteuse. Les résultats suggèrent que la formation à la pleine conscience peut être aussi efficace pour réduire la fréquence des maux de tête, la dépression, l’incapacité liée aux maux de tête et pour réduire l’utilisation de médicaments à la phase aigue de la migraine. L’étude est limitée par son manque de randomisation du traitement, un contrôle par placebo et des mesures d’adhésion au traitement et à la pratique à domicile.
Lien vers l’étude originale: http://link.springer.com/article/10.1186/s10194-017-0728-z
Source: American Mindfulness Research Association.

